Les portraits – face et profil – sont les icônes d’une identité problématique: touristes ? membres du personnel ? résidents ? Portraits presque anonymes : seuls des prénoms font semblant de nous renseigner. Semblable à l’imagier du Moyen Age, Alain Ceccaroli a avivé les couleurs des vêtements de ses sujets et inscrit leurs corps en à-plat dans l’architecture de la Chartreuse : arche d’une porte, arc d’une ouverture. Une jeune femme tient un registre comme une Madone porterait l’Enfant Jésus. Les yeux sont baissés, ou levés et tournés sur le côté en une attitude méditative. Le photographe nous indique qu’il y a dans ces figures un secret. Ce secret, il nous montre qu’il est là, sans jamais le révéler. Le dévoilement finira bien par advenir, pour ceux qui y croient. Un jour, ces corps, ces visages s’effaceront, certaines de ces images aussi peut-être. Après tout, que nous reste-t-il, quantitativement parlant, du Moyen Age ? Dans les cimetières des chartreuses, aucun nom ne figure sur les tombes."
Michel Beretti, auteur de Théâtre contemporain. Le 15 avril 2007
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