Après les aménagements engendrés par la tenue des jeux olympiques de 2004, la question pour moi était de déterminer dans quelle mesure cet événement sportif avait-il pu modeler une ville et modifier son image, s’il y ait eu une manière spécifiquement grecque, marquée par une identité culturelle propre, d'occuper l'espace.
L'axe de mes recherches, à Athènes, est la voie reliant le port du Pirée au nouvel aéroport. Vers le Pirée, on bâtit sur le bâti ; vers l'aéroport, l’urbanisation se développe généralement sur des terrains vierges. À Thessalonique, le travail porte sur la voie reliant le centre ville à l'aéroport. La transformation est ici moins violente mais avec les mêmes problèmes qu'à Athènes : un axe de sortie de ville avec ses hangars « boîtes de chaussures », ses enseignes internationales, ses publicités démesurées. Même impression de chaos dans l'organisation de l'espace.
Venant de l'extérieure, comment me situer dans cet espace en mutation ? Me confronter au lieu commun ? Ne pas montrer systématiquement la transformation violente d'un paysage encore bucolique en un environnement banal de voies rapides, de zones commerciales anonymes avec leurs panneaux publicitaires envahissants.
Je suis poussé inconsciemment à dénoncer, à prendre parti, à critiquer alors que mon rôle devrait être de simplement témoigner : la façade du nouveau musée Benaki a la même taille que la boite de nuit voisine. Il me faut rester neutre malgré le malaise qui m'envahit à la vue de la banalisation de l’architecture et du gigantisme de la publicité non contrôlée, de la standardisation du paysage urbain. Je dois éviter la nostalgie, la prise de position. Garder des référents visuels pour éviter de basculer dans l'abstraction. Et pour cela, rester à distance du sujet, grâce à la nuit, encore elle.
Alain Ceccaroli, 2008.
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